Rencontre Internationale des Travailleurs du Commerce
Paris, novembre 2019
Chers collègues,
De la part des unions syndicales de classe des travailleurs du secteur du Commerce de la Grèce, membres du PAME, nous saluons cette très importante initiative de la Fédération CGT Commerce et de la FSM.
Notre réunion actuelle est importante, parce qu’elle peut nous aider, les travailleurs du Commerce, à faire un pas en avant dans notre coordination, l’échange d’expérience et d’information, le développement des actions communes contre l’adversaire commun, qui sont les grands monopoles du commerce, les multinationales comme LEROY MERLIN, LIDL, IKEA, CARREFOUR etc…
Les multinationales ont l’avantage d’utiliser les pires conditions de travail d’un pays, les bas salaires, l’interdiction de l’activité syndicale comme un moyen d’attaque contre les travailleurs des autres pays. Dans cette direction, elles ont le soutien des gouvernements locaux, plus particulièrement celui de l’UE en Europe. En particulier, l’UE a satisfait toutes les demandes des multinationales européennes. Au contraire, il a agi et agit comme un levier de pression puisqu’il légifère et promeut dans les États membres les exigences des multinationales.Le fameux « acquiseuropéen » est, après tout, la somme des mesures les plus anti-ouvriers en Europe, dans le but de les appliquer dans tous les États membres. Après tout, dans cette direction, nous avons eu le traité de Bolkenstein, ou plus précisément en Grèce, l’offensive contre le droit des travailleurs du commerce de se reposer le dimanche.
Un autre aspect des plans des multinationales est l’abolition complète des Conventions Collectives de Travail et de l’activité et de l’organisation et action syndicale. L’année dernière, en Grèce, le gouvernement SYRIZA a adopté des mesures législatives pour interdire les grèves. Le nouveau gouvernement de la ND, s’appuyant maintenant sur la loi du SYRIZA, oblige les syndicats à remettre la liste de leurs membres au gouvernement, et donc à l’employeur.
Pour cette attaque, les multinationales en Grèce ont pleinement profité de la crise, en imposant des réductions des salaires, l’abolition des droits, la dérégulation de l’horaire etc. Ce sont des mesures qui ne sont pas annulées même en période de développement en Grèce. Elles deviennent permanentes et l’attaque contre les travailleurs est renforcée sur la logique de concurrence avec les autres monopoles.
Contre ces développements, les syndicats de classe au secteur du Commerce en Grèce, les forces du PAME, ont joué un rôle fondamental pour empêcherl’attaque. Pendant les années de crise, plus de 40 grèves générales ont eu lieu à l’échelle nationale. Alors que dans le secteur du commerce, les mobilisations étaient encore plus nombreuses au niveau local. Et on n’a pas fait seulement des grèves, mais les syndicats ont essayé aussi d’intervenir à plusieurs niveaux et avec plusieurs formes. A travers d’interventions de masse, d’activités d’information ou culturelles, d’actions pour les jeunes femmes et les mères, les travailleurs migrants, etc. La direction essentielle était le slogan : Aucun sacrifice desouvriers, que la Crise soit payée par les Capitalistes qui l’ont créée.
Malgré la force de l’attaque anti-ouvrière, cette action cohérente, avec des formes variées et avec une orientation de classe, a apporté des résultats significatifs dans des conditions très défavorables. En particulier dans un certain nombre de lieux de travail, par exemple PRACTIKER, nous avons réussi à maintenir la Convention Collective de travail, et dans encore plus de lieux de travails, nous avons réussi à empêcher des licenciements. En ce qui concerne le droit au repos dominical, malgré la volonté des multinationales de le supprimer déclarée depuis plus de 10 ans, notre action en combinaison avec celle des commerçants indépendants et des syndicats d’autres branches, a réussi à le retarder considérablement. Nous avons également essayé de développer une action au niveau international, à la fois lors de la Réunion Internationale des UIS de Commerce organisée en 2011 et d’initiatives telles que des actions de soutien à la mobilisation des travailleurs chez LEROY MERLIN en Italie, chez METRO MARKET en Turquie, contre la persécution du camarade Lagha en France, etc.
Εn même temps, un acquis important de notre action est que, dans des conditions de dissolution de syndicats, dans des conditions dominées par la frustration, l’individualisme, le fatalisme et de la logique « il faut que l’entreprise fasse des profits pour que je garde mon poste », les syndicats de classe grecs ont su se maintenir dans les lieux de travail et ils ont pu renouveler leurs forces. Ils ont acquis la confiance et la reconnaissance d’une partie importante des jeunes travailleurs formés aux principes de la lutte des classes. Notre action a soulevé le problème selon lequel l’énorme richesse de ces multinationales géantes n’est pas générée par une douzaine d’actionnaires, mais par l’employé de la chaîne en logistique, l’employé à la caisse. La richesse est produite par les travailleurs et ils doivent la savourer et en profiter.
Tout de même, on doit soulignerque la situation des travailleurs européens ne serait pas si négative en l’absence de syndicats nationaux et internationaux qui promeuvent la logique de la coopération de classe, qui se traduit par des “dialogues sociaux” ou par le soutien de tel ou tel gouvernement qui promeuve un capitalisme à visage humain. Ces forces sont caractérisées par la bureaucratie, l’inertie, sapant l’esprit militant des travailleurs, ainsi que par des phénomènes de corruption. Voici quelques exemples du rôle de telles forces.
En Grèce, dans le cadre de la coopération de toutes les classes contre la crise capitaliste, la GSEE, membre de la CES, a co-signé la suppression des Conventions Collectives de Travail et la réduction du salaire minimum de 30%. En fait, le secrétaire aux relations publiques de la GSEE, qui était également président de la Fédération des employés du secteur privé et du commerce, s’est révélé être lui-même un employeur et même un sous-traitant qui louait des salariés. Il est également dirigeant de l’UNI. Ceci n’est pas surprenant puisque comme on l’a déjà vu au sein de la direction de la Confédération européenne des syndicats, aucun membre du secrétariat n’est un ouvrier !
Et un dernier exemple. Ces forces, en particulier UNI et INDUSTRIALL, en fonction de leur public, se présentent comme «militantes», avec une action et des conquêtes telles que la convention collective mondiale avec le Η&Μ.
Or, nous pensons que ces “conquêtes” sont particulièrement dangereuses. En ce qui concerne plus particulièrement la Convention mondiale chez Η&Μ, on voit qu’elle ouvre la porte aux objectifs les plus barbares du patronat.Bien qu’il affirme initialement qu’il « reconnaît » le droit au syndicalisme ou interdit le travail des enfants, il note ensuite que pour le travail des enfants elle “accepte le principe du Bureau international du travail que le plus jeune salarié doit avoir 14 ans. ” Autrement dit, cela permet même le travail des enfants !
Pour l’organisation syndicale, il dit de manière hypocrite que “l’employeur n’empêchera pas le développement de mécanismes d’association et de négociation indépendantes et libres (…) là où le droit à la liberté d’association est interdit par le droit national”. C’est une hypocrisie terrible. Les multinationales licencient et poursuivent en justice des syndicalistes européens légalement enregistrés et INDUSTRIALL affirme que la multinationale ira dans un pays qui interdit aux syndicats de lutter dans le but de se battre pour la liberté syndicale ! C’est de l’hypocrisie !
Chers collègues, les multinationales,de par leur nature, peuvent planifier, coordonner et agir au niveau international contre leurs employés. Pour toutes les raisons ci-dessus, nous pensons qu’il est important que nous, les travailleurs, obtenions la capacité de répondre de façon plus efficace à l’attaque conjointe de l’UE, des multinationales et des gouvernements. C’est pourquoi il est nécessaire de renforcer la coordination commune et l’action des syndicats d’Europe dans le secteur du Commerce aussi.
D’abord et avant tout, en développant des actions chacun dans son pays. Avec les syndicats et avec une action quotidienne, une intervention sur chaque question des travailleurs mais aussi une intervention idéologique et politique afin que cette action reflète le conflit réel sur le lieu de travail. Le conflit entre employeurs et travailleurs. Cette action doit se dérouler sous toutes ses formes. Que ce soit avec un communiqué, une affiche, un discours, un événement culturel pour les employés, une grève, un séminaire, une leçon, etc. Avec des actions quotidiennes, avec une orientation claire, une véritable unité de classe sera construite, capable d’inspirer et de rassembler les travailleurs, les syndicats qui ne se soumettent pas et les jeunes syndicalistes qui se posent des questions. À cet égard, nous appuyons cette initiative etnous accueillons toute proposition visant à améliorer la coordination et l’action militante commune des travailleurs.