15 avril : Journée d’action des travailleurs du Commerce en Grèce

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Dès le premier instant de l’application des mesures de lutte contre la pandémie, des dizaines de syndicats à travers le pays ont mis au jour la situation sauvage qui se développait dans les grandes surfaces, les magasins, les bureaux, les entrepôts, portant des demandes de protection immédiate des travailleurs contre le coronavirus. La revendication collective plutôt que la responsabilité individuelle a été celle qui a fait pression et apporté des mesures de protection de base sur les lieux de travail.

Pendant tout ce temps, nos collègues des grandes surfaces travaillent avec abnégation, pour servir les consommateurs et pour que rien ne manque aux ménages populaires. Mais ces travailleurs ont une vie, ils ont des familles, ils ont les mêmes peurs, les mêmes problèmes et les mêmes besoins que nous avons tous.

Avec la conférence de presse d’aujourd’hui, nous voulons mettre au jour des aspects importants de la situation dans les grandes surfaces, exposer des plaintes importantes et indicatives qui arrivent chaque jour et proposer la réponse qui, à notre avis, devrait être donnée par les salariés du Commerce et les syndicats.

Chers collègues, nous n’avons peut-être pas la formation scientifique pour examiner et discuter des aspects médicaux du virus, mais nous avons du bon sens et, sur la base de cela, nous jugeons, filtrons ce que nous entendons chaque jour de la part des scientifiques. À ce jour, nous suivons les lignes directrices et, sur la base de celles-ci, nous exigeons la protection maximale des employés sur le lieu de travail, soulignant les graves lacunes et manquements qui nous sont signalés.

Donc, sur la base de ce bon sens, nous ne pouvons pas comprendre comment, pendant que nous entendons des expressions pompeuses à propos du coronavirus, qui ne fait pas de distinction entre les vieux et les jeunes, les femmes-hommes, les riches-pauvres, ce virus qui est dangereux et forte contagieux à travers nos contacts, devient subitement d’une manière magique invisible, moins dangereux ou n’entre pas par les portes des magasins des supermarchés. Parce que dès le début et encore à ce jour, les mesures de protection dans la plupart des magasins des grandes surfaces ne sont prises que pour les apparences, comme s’il n’y avait pas de virus.

Nous ne pouvons pas comprendre qu’en même temps que l’on dit que nous devrions tous nous comporter comme des porteurs potentiels du virus et que les instructions disent qu’il devrait y avoir des mesures de protection spéciales à l’intérieur, les travailleurs des supermarchés depuis déjà 1,5 mois sont pleinement exposés à des centaines de personnes différentes tous les jours dans les magasins.

Nous ne pouvons pas comprendre pourquoi nos collègues en Italie travaillent dans les grandes surfaces avec des masques, des gants et même des lunettes spéciales, quoi que ces mesures aient été prises après des hécatombes de morts, alors que dans notre pays, ils sont complètement découverts.

Ces préoccupations et d’autres encore ne sont pas seulement les nôtres. Nos collègues dans de nombreux pays ont de telles préoccupations maintenant que la pandémie est actuellement en augmentation et nous comptons des milliers de personnes contaminées et des milliers de morts.

En France, mercredi dernier, les salariés des grandes surfaces ont fait grève, une grève appelée « la grève qui sauve des vies », puisqu’on décompte déjà 6 collègues morts et de nombreux accidents dans le secteur.

Les collègues d’Aïcha à Carrefour à Saint Denis en France ont fait un collage pour dénoncer le crime et sa mort injuste.  VOS PROFITS-NOS MORTES. Voici ce qu’ils ont écrit à l’entrée du magasin où la collègue travaillait. Le patronat, malgré les plaintes, disait que les masques effrayaient les clients.

Au lieu des mesures de protection que les salariés du Commerce ont exigées, le gouvernement a répondu avec de nouveaux privilèges aux employeurs. Les heures de travail hebdomadaires ont augmenté en 60, pas de repos dominical le dimanche et réduction de la période de repos entre deux jours.

En Belgique, nos collègues effectuent de nombreuses protestations ayant comme demande principale la protection de leur vie. Vendredi dernier six magasins belges de Carrefour ont fait grève en exigeant l’amélioration des mesures de protection. Le 1er avril, les travailleurs de Delhaize, qui est la société mère de AB Vasilopoulos, ont fermé les magasins parce qu’ils n’avaient pas de gants, masques et de compensations, mis à part les chèques achats qui ont une date d’expiration.

Avant-hier un collègue de plus a perdu la vie en Belgique, par le groupe Colruyt. Ses collègues dénoncent qu’ils ne se sentent pas en sécurité au travail et que cela peut durer pour plusieurs mois. Le gouvernement et les employeurs refusent d’affirmer si d’autres travailleurs ont fait le test et ont été “positifs”.

En Espagne les travailleurs des supermarchés disent qu’ils “se sentent trop exposés”. Il est triste de dire que certaines chaînes de supermarchés dans une crise sanitaire accordent plus d’importance aux ventes qu’à la santé de leurs employés.      

En Italie, avec le début de la pandémie, un caissier a perdu la vie par le virus à Brescia, déclenchant un débat sur la protection des travailleurs dans les grandes surfaces. La semaine dernière, nous avons eu le plus récent décès enregistré avec un gardien de sécurité dans un supermarché. Les syndicats et plusieurs médias estiment que d’autres travailleurs sont morts sans que ces décès soient enregistrés comme des cas du COVID-19. Les travailleurs affirment qu’ils ne sont pas suffisamment protégés et craignent de « ramener quelque chose chez eux » et disent qu’ils ne sont pas « correctement équipés pour lutter contre la pandémie ».

Ils se plaignent également qu’en plus des soins de santé supplémentaires dont ils ont besoin, ils travaillent sans arrêt, avec des heures supplémentaires incessantes. Ils disent que “au lieu de réduire les heures de travail et de fermer les week-ends”, on les a imposés le travail 12 heures et plus par jour pendant plusieurs jours consécutifs, ajoutant que les supermarchés ne sont pas un service social comme on laisse entendre, mais c’est une chasse de profits lors de la pandémie.

Aux Etats-Unis, où le virus se progresse rapidement, au moins quatre employés de supermarchés à travers le pays ont perdu la vie ces derniers jours seulement. Une collègue d’un magasin de Manhattan dit qu’il y avaient deux cas positifs du virus dans son lieu de travail et qu’elle a travaillé avec eux dans les mêmes équipes au cours des deux dernières semaines. ” J’ai peur d’aller travailler et de me soucier d’un emploi qui paie quelques dollars à l’heure”, dit-elle.

Les travailleurs des supermarchés savent qu’ils étaient à l’avant-garde de cette pandémie. Tout le monde le reconnaît, cela se voit dans les campagnes et les “remerciements” publics des entreprises, des chaînes, des gouvernements.

Est-ce assez ? Suffit-il de dire que ce sont des héros ? Derrière la vitrine, de grands mots et des flatteries se trouvent l’exploitation, l’hypocrisie, le mensonge. Nous répondrons avec les paroles d’un collègue italien. Certains disent que nous sommes des « héros », dit-il. “Je ne pense pas. Nous faisons notre travail. Je ne veux pas être un héros. Mais je veux simplement qu’ils respectent ma vie. “

Chers collègues, nous devons dire la vérité ! Les employés aux caisses, aux étagères, aux réfrigérateurs, aux blocs d’alimentation ; ces travailleurs exposés au virus sont parmi les moins bien payés. La grande majorité d’entre eux travaillent à temps partiel, avec quatre heures et six heures et non par choix. Plusieurs travaillent aux contrats à court terme et à durée déterminée, c’est-à-dire des salariés exposés aujourd’hui au virus et qui seront au chômage demain.

En France, comme dans notre pays, les grands groupes des supermarchés ont montré les bonus extraordinaires qu’ils ont donnés, dans le but de montrer un visage social, en assurant indirectement la publicité non payée. En France, les travailleurs ont qualifié ces primes de “prime de la mort”. Aucune prime non obligatoire, qui au demeurant n’est pas un salaire et n’oblige pas les entreprises à payer des cotisations sociales, ne peut être au-dessus de la protection de la vie, ne peut égaliser ou surmonter l’absence de moyens de protection contre l’exposition au virus.

Les bonus annoncés sont pour la plupart des « chèques d’achats » qui retournent l’argent aux caisses des entreprises qui les donnent. En cas de pandémie et dès le début, les travailleurs auraient dû être pleinement protégés avec tous les moyens de protection, une allocation de pénibilité garantie et obligatoire, et surtout un emploi pérenne et stable avec tous les droits de travail et de la sécurité sociale, une journée de travail de 8 heures, 5 jours par semaine. Tous les autres mots sont des mots vides et hypocrites, sans impliquer que nous sous-estimons la valeur des compensations qui augmentent le revenu des salariés.

En fonction de tout cela, nous appelons tous les syndicats des salariés du Commerce et des Services, les syndicats de branche à travers le pays à fixer le mercredi 15 avril comme jour d’intervention et d’action, d’information et revendication dans les lieux de travail des chaînes de supermarchés (grandes surfaces). En respectant toutes les mesures de protection nécessaires, retrouvons-nous devant les magasins, au début et à la fin de la journée de travail, pendant les pauses. Mettons au jour les demandes de protection, soutenons nos collègues aux supermarchés, dénonçons l’arbitraire patronal.

Nous appelons nos collègues aux grandes surfaces à se tenir debout pour défendre leur vie et celle de leurs familles. Mettre en avant les questions de protection, de leur santé et de leurs droits.

Nos collègues aux hôpitaux disent que les bouches couvertes ont de la voix. Masqués mais pas muselés ! Cette voix est la leur, la nôtre, elle doit être renforcée ! Personne ne doit être atteint par la pandémie et ses conséquences.

 

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